Artiste visuel et compositeur
Écrans vise à illustrer les liens qui unissent le cinéma à l’imaginaire de la mort. Nombre de théoriciens ont étudié le cinéma sous l’angle de la « spectralité », l’élisant parfois comme l’art fantomatique par excellence, à cause, notamment, de sa temporalité particulière qui intrique le présent et le passé ; comme si le temps du tournage revenait « hanter » le temps du visionnement. Cette installation suggère de donner forme à cette analyse, en l’incarnant à travers un dispositif lumineux et vidéographique.
Pour ce faire, des prises de sons ambiants ont été effectuées sur les pierres tombales de cinq cinéastes québécois. Ces captations sonores ont ensuite servi à faire scintiller un cadre lumineux audio-réactif qui, grâce à un dispositif de transformation du son en lumière, palpitait au rythme des variations de volume des pistes sonores. Ce cadre a été installé dans cinq sites du territoire du Québec ayant jadis servi de lieux de tournage dans les films des cinéastes sélectionnés. Ces interventions dans le paysage ont à chaque fois été filmées, à la tombée du jour.
Les plans qui en résultent durent 40 minutes, ce qui permet d’abord de voir le dispositif planté dans le paysage, puis, au fur et à mesure que l’image s’obscurcit, de le voir disparaître au profit d’un simple rectangle de lumière qui semble flotter dans l’environnement. Ce rectangle de lumière peut, par sa forme, évoquer la figure archétypale de l’écran de cinéma, ou encore rappeler les collimateurs autofocus visibles dans les viseurs de nombreuses caméras photo ou vidéo. La lumière scintillante évoque quant à elle l’un des principes fondamentaux du cinéma : la palpitation lumineuse qui permet de créer l’illusion du mouvement.
La création de cette œuvre a été rendue possible grâce à l’appui financier du Conseil des arts et des lettres du Québec.